S’il tient compte des relations avec les pays voisins de religion musulmane, Saint-Pierre pèse aussi, dans son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, les intérêts du Tsar et donc de la Russie. Il met en évidence le rôle que d’éventuels échanges pourraient jouer dans la consolidation de l’équilibre du continent.
Le Tsar a montré la passion qu’il avait de faire fleurir le commerce dans les provinces, il a pour cela de grands avantages du côté de la nature, le pays est traversé de très grandes rivières, il a des ports sur l’Océan, sur la mer Baltique, sur la mer Caspienne. Le terroir est très fertile en une infinité d’endroits, le peuple nombreux ; il ne leur manque pour se perfectionner dans les manufactures et les arts, qu’un commerce fréquent et perpétuel avec les nations les mieux policées. Or, il vient de voir par expérience combien la guerre éloigne l’accomplissement des beaux projets qu’il avait faits de ce côté-là ; ainsi il y a grande apparence que dès qu’il aura connaissance d’un projet qui doit rendre la paix perpétuelle parmi les chrétiens, il cherchera avec empressement tous les moyens de le faire réussir.
Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe (1713).
Pour lire le texte original en ligne (édition de 1713, tome I) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86492n?rk=21459;2
Pour lire le texte original en ligne (édition de 1713, tome II) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k864930?rk=42918;4