Véritable Européen, avec des attaches en Suisse, au Royaume-Uni et en Italie, proche de Germaine de Staël et des autres membres du groupe de Coppet, Jean-Charles Simonde de Sismondi, au moment de se lancer dans une présentation de la littérature du Midi de l’Europe, reconnaît l’importance de différentes traditions qu’il regrette de ne pas mieux maîtriser. Il accorde dans son ouvrage une large place à la philosophie, à la poésie et aux sciences arabes, comme moteurs du développement culturel.
Je ne sais aucune des langues orientales, et cependant c’est l’arabe qui, dans le Moyen Âge, a donné une impulsion toute nouvelle à la littérature de l’Europe, et a changé la direction de l’esprit humain. Je ne sais aucune des langues slaves, et cependant les Polonais et les Russes vantent des richesses littéraires dont je ne pourrai entretenir brièvement mes lecteurs que sur la foi d’autrui. Parmi les langues teutoniques, je ne sais que l’anglais et l’allemand ; et la littérature des Hollandais, des Danois, des Suédois, ne pourra m’être accessible que d’une manière imparfaite, au travers des traductions allemandes. Cependant, les langues dont je puis rendre un compte sommaire sont celles où il existe le plus grand nombre de chefs-d’œuvre, celles en même temps dont l’esprit est le plus original et le plus nouveau, et la carrière que je me propose de parcourir est encore suffisamment étendue.
Jean-Charles Simonde de Sismondi, De la littérature du Midi de l’Europe (1813).
Pour lire le texte original en ligne (édition de 1837) : https://books.google.fr/books?id=LLnJzFIoWcoC &&printsec=frontcover